Wow….me voilà de retour de cette expédition intense. Je vous le dis tout net : c’est le projet le plus difficile que j’ai jamais fait ! J’ai souvent entendu des grimpeurs qui ont réussi l’Everest dire que le Denali est bien plus dur. Je doutais de leurs paroles avant….mais une fois passée à la moulinette alaskaise, je confirme que c’est dur.
C’est quoi le Denali ? Une belle montagne de 6190m, la plus haut d’Amérique du Nord, donc un des 7 sommets mythiques. Elle s’appelait auparavant le Mt. MacKinley puis fut rebaptisé sous Obama, Denali, son nom originel.
Le Denali marque ma 4ème ascension des 7 sommets après le Kilimanjaro, l’Elbrus et l’Aconcagua.
La montagne de tous les extrêmes :
- 3ème sommet le plus isolé au monde (après l’Everest et l’Aconcagua, que j’ai gravi en janvier 2019)
- Températures très basses : -30C très régulièrement
- Vents forts
- Météo tellement changeante que les prévisions sont de l’ordre de la boule de crystal
La grande différence sur le Denali par rapport à toutes, oui TOUTES, les autres montagnes du défi des 7 sommets est la totale autonomie : pas de camp de base équipé super confort comme sur l’Everest où l’on peut jouer au ping-pong, au billard ou se faire masser, pas de porteurs comme sur l’Elbrus ou l’Aconcagua. Rien de rien. Les grimpeurs portent tout sur le dos et tirent un traîneau pour l’équipement et …. leurs excréments puisque pour ne pas polluer la montagne, nous devons tout ramener en ville. Oui, tout. Donc, par pitié, épargnez-moi les “vous polluez les glaciers en laissant tout” ce fut vrai mais ça ne l’est plus.
Tout commence dans la petite ville de Talkeetna, vraiment trop chou, un mélange de western and de village perdu où les voitures sont rares. Tout se fait à pied. Se mélangent deux populations : les grimpeurs en pré ou post-Denali et les touristes des gros bâteaux de croisières qui les ont déposés en bus pour quelques heures “authentiques”.
Non en fait, tout commence plusieurs mois avant avec un entraînement intense (merci à Caro mon poids de traîneau) : cardio, renforcement et grimpe.
Et l’entraînement, c’est bien joli mais l’équipement est aussi important ! Voilà 90% de ce que j’emmène avec moi (sauf le chien).
Retour à Talkeetna, où nous passons un interview avec des rangers qui vérifient que nous sommes au point côté sécurité, technique et expérience : quelles montagnes avez-vous fait, quelle longueur fait votre corde principale, quelle marque de réchaud, combien de fuel emmenez-vous, combien de mousquetons avez-vous, votre adresse Garmin GPS s’il-vous-plait, avez-vous une radio pour écouter les prévisions météo à 20h tous les soirs, etc…. On ne plaisante pas avec la montagne et ils ont raison ! Le père d’une amie a été refoulé car trop maigre et pas assez fort.
Nous faisons un dernier check équipement et le lendemain nous nous envolons par petit coucou de 1957 (non, #MemePasPeur, en fait si un peu) pour le glacier et une dépose au fameux camp de base qui n’en est pas un vu qu’il n’y a rien !
Vu l’heure tardive -les intempéries nous ont fait repousser notre vol jusqu’en fin d’après-midi-, nous montons la tente.
Et….surprise……
Il peut faire TRES CHAUD sur un glacier !
Je finis en presque bikini tellement la chaleur est bien réelle. Mais une fois le soleil non pas couché (il fait jour 24/24 en Alaska l’été), mais passé derrière les montagnes qui nous entourent, les températures tombent bien bas.
Après une nuit courte (excitation, luminosité même avec le masque pour dormir, etc…) départ pour le camp 1 après avoir fait une première coupe dans les équipements afin d’alléger nos traîneaux. C’est là que l’on sent le poids des choses.
La météo est au beau fixe..un vrai bonheur et nous arrivons après quelques heures d’effort (super transpirante, il faut enlever tout ou presque et finir en quasi-bikini) au camp 1 à 2500m. Je suis surprise du peu de personnes que nous y trouvons…je m’attendais à un petit village vu que soit-disant 547 personnes sont sur la montagne…..je me demande où elles sont passées !
Montage de tentes, yoga au soleil, cuisine (riz blanc, et autre produit à impact glycémique important), fonte de la neige pour boire, etc….tout va bien….tout va bien jusqu’au matin où je me réveille fiévreuse (explication dans mon dernier article), et avec un début de toux. Je ne panique pas….c’est assez classique en montagne : l’air y est super sec, changement de nourriture, manque léger de sommeil, etc…..
Départ pour le camp 2 où nous allons enterrer des affaires pour avoir moins à porter le lendemain.
Le souffle se fait légèrement plus court mais j’ai une chance inouïe car
Je ne souffre pas du mal de l’altitude
Nous redescendons au camp 1. C’est ainsi que l’on s’acclimate : on monte et on redescend plusieurs fois.
Au réveil, c’est moins glorieux, la crève est bel et bien là, je n’ai quasiment pas dormi de la nuit à cause de la toux (Ksenia peut dormir dans n’importe quelles conditions donc son sommeil n’a pas été perturbé) et j’ai de la fièvre mais supportable : 38ºC…..paradoxalement, j’ai de l’énergie et une envie de continuer chevillée au corps, donc j’avance avec mon traîneau et le sac car aujourd’hui nous changeons de camp. Nous voilà arrivés au camp 2 donc…dont je ne me souviens de rien…je devais être dans une boule de coton fièvreuse hahahaha.
Le lendemain, départ pour la cache du camp 3. Une cache est un endroit où l’on enfouit des affaires pour plus tard. Mais attention, la montée s’annonce super intense donc nous nous allégeons encore un peu : ai-je vraiment besoin de 4 tee-shirts ? la réponse est NON donc zou, on enterre..enfin, on enneige à 1.80m de profondeur, ai-je besoin de mon dentifrice ? Non, on le partagera. Ai-je besoin de mes AirPods ? Non…zou….10 grammes + 200 grammes + 150 grammes + etc…et on arrive vite à deux kilos de moins à porter.
J’ai démarré un traitement antibiotique et cortisone pour enrayer la crève/bronchite. On y croit.
La montée est sévère et intense surtout dans mon état mais que les paysages sont beaux…on en oublie les bobos et la toux. À couper le souffle ! Je suis au paradis,
Dieu que la montagne est belle….
Une fois nos affaires enfouies près du camp 3, nous redescendons au camp 2 pour une autre nuit à 3400m.
Après une nuit très courte du fait de la toux grand départ pour le camp 3 situé à 4328m. Les choses sérieuses commencent : pente bien raide, passages à flanc de coteau avec les traîneau qui glissent du mauvais côté, crevasses, bref, la pause à la cache où nous récupérons ce que nous avons enterré hier est la bienvenue !
Enfin…enfin….nous arrivons au fameux Ranger Camp aussi appelé Camp 3, ou Camp Genet Basin du nom d’un des pionniers du Denali: Ray Genet.
J’ai retrouvé le peuple ! Celui que je ne voyais pas aux camps précédents ! Voilà un petit village de tentes, pour certaines enfuies sous la neige. Pour l’intimité côté besoins personnels, cela va être plus difficile….à ce propos, vous m’avez demandé comment on faisait. C’est très simple, un grand trou dans la neige dans lequel on descend, mais pas assez profond pour se cacher totalement donc tout le monde vous voit…..grands timides s’abstenir ! (ou s’entraîner avant)….car de plus, ainsi que je l’ai expliqué au début de cet article, on doit tout ramener si vous voyez ce que je veux dire….
Je suis tellement mal que nous restons un jour de plus à cette altitude pour que mon corps puisse se réparer un peu. Puis c’est la montée tant crainte et attendue en même temps vers la cache du High Camp à 5000m. Là, c’est tellement pentu que l’utilisation de cordes fixes est indispensable ainsi que celle de poignées d’ascension (aussi appelée jumar). Dans certains passages délicats (crêtes), nous utilisons des cordes fixes et nos mousquetons de sécurité. Je vois des gens qui n’ont pas de mousquetons et qui font des noeuds de leur corde aux cordes fixes, une hérésie dangereuse pour les autres puisque cela use les cordes !
Nous arrivons pile à 5000m….la vue est simplement époustouflante…..nous dominons les autres montagnes autour, le ciel est d’un bleu profond….le bonheur à l’état pur.
Une fois nos kits du sommet enfouis sous la neige, nous redescendons pour nous reposer au camp 3 avant de remonter au High Camp. Savoir qu’il faut remonter des passages délicats et difficiles le lendemain est toujours un peu démoralisant…on l’a déjà fait une fois, on sait à quoi s’attendre mais au final, ce qui nous paraissait dur la première fois s’avère plus facile la deuxième puisque nous nous sommes acclimatés entre temps. Que ce camp est beau !
Nous en profitons pour faire le tour des popotes, aller à la rencontre des autres grimpeurs du monde entier et j’y fait de belles rencontres dont celle de deux français un peu chiens fous (enfin surtout Kevin :)) qui ont créé leur startup, Dissidence, et qui viennent s’installer aux USA bientôt. Si vous cherchez un scooter de folie c’est chez eux !
Les conditions météos ne sont pas au top alors nous décidons de passer deux jours au camp 3 pour que je me soigne, que nous traversions la mauvaise météo à 4328m plutôt qu’à 5242m, pour que nous acclimations encore un peu plus. La tente devient un peu gypsie et notre centre de vie : pendant les heures de grand soleil nous faisons sécher notre linge humide, le reste du temps, nous traînons dans les sacs de couchage. Nous passons le temps à rire, papoter, dormir.
Et puis c’est le grand jour. Nous abandonnons nos traîneaux, les pentes raides ne permettent plus de les traîner, et emmenons le strict minimum pour aller nous installer au High Camp à 5242m : tente, sac de couchage, tapis et matelas, réchaud, nourriture, corde, parka expédition, etc……à chaque camp, nous avons éliminé certaines affaires qui perdent de leur importance au fur et à mesure de notre ascension mais là, les coupes sombres sont impitoyables. Tout ce que nous prenons sera porté sur notre dos sur des pentes raides, très raides. Comme je suis mal en point avec 39ºC de fièvre, j’allège encore plus et laisse la majeure partie de ma pharmacie au camp3 et même mon chargeur solaire (ce que je regretterai plus tard amèrement). Je limite même les barres énergétiques, c’est dire.
Bref, 7 heures plus tard, après des passages vertigineux, des moments d’angoisse dans les crevasses et autre moment à bout de souffle où les muscles crient grâce, nous voilà arrivés au High Camp….le sommet est à portée de mains, enfin de crampons.
J’arrive mal en point mais heureuse et je l’avoue humblement, fière de moi !
J’ai eu des moments de grande solitude où j’ai voulu jeter l’éponge.
Je rencontre un ranger au camp qui me dit que je suis une badass girl with balls (une “sacrée nana avec des couilles”, je cite). Il me dit de me reposer 36h pour récupérer et voir si je vais mieux car je ne suis pas en état de grimper.
Je passe donc 36h dans ma tente, il fait un froid de canard mais ma Ksenia d’enfer s’occupe bien de moi 🙂 La nuit elle vérifie que je suis bien couverte….important car il fait très très froid la nuit…tellement que le dessus des sacs de couchage prévus pour -40ºC gèlent : oui, ils ont de le glace dessus.
Donc….si vous avez chaud dedans et qu’il y a de la glace dessus, d’après vous il se passe quoi ? Le sac devient trempé…donc si vous sortez faire votre petit pipi (toutes les 3 h à cette altitude), vous vous extirpez de votre sac, vous habillez pour pouvoir sortir dans le froid glacial (il fait -30ºC avec le vent), et quand vous revenez, vous vous glissez dans un sac humide et froid….le bonheur total.
Pour m’occuper pendant que Ksenia part faire son record d’ascension (le temps est au beau fixe), je papote sur ma balise GPS et puis, en l’absence de chargeur, me voilà sans GPS, sans rien. Je suis très fière de Ksenia qui aura fait l’ascension en mode record en 4 heures au lieu des 8h habituelles (en gros, elle a couru en crampons de 5242m à 6190m !). L’idée était que ma championne (elle a remporté les 200km du Lac Baikal et d’autres courses de folie) reparte le lendemain avec moi.
Le lendemain, le ranger avait raison, je me réveille en pleine forme et je suis prête à me lancer vers le sommet…seulement voilà, nous avons une alerte météo qui prévoit un brouillard blanc avec une visibilité proche de zéro, du vent, de la neige…bref, la mort dans l’âme, je décide de redescendre avec Ksenia. De toute manière, nous n’avons pas assez de nourriture pour attendre trois jours, et il ne serait pas sérieux de monter dans ces conditions.
Comme je le dis toujours
Atteindre le sommet est la nourriture de l’ego, le voyage est la nourriture de l’âme…
Nous redescendons en vitesse très rapide malgré les conditions. Comme je suis petite, la neige fraîche m’arrive au-dessus des genoux, du coup, je trébuche plusieurs fois, fais quelques roulés-boulés (avec un sac-à-dos et un traîneau, imaginez donc l’image) et une chute mémorable dans une crevasse (sans le traîneau). La photo que vous voyez a été prise à ma sortie une fois un peu secouée.
Nous ferons 14 heures non stop jusqu’à minuit où nous arrêterons au camp 1.
Se dépasser. Encore et toujours
Je suis exténuée et ma crève est revenue….bref, on garde le moral parce-que : la montagne ne partira pas donc je peux revenir quand je veux (avec Ksenia of course), le principal en montagne n’est pas d’arriver en haut mais de redescendre en un bon état.
Après quelques heures de repos, direction la base du glacier pour que le petit avion puisse venir nous chercher.
Franchement, même si j’ai été malade comme un chien, même si le sommet s’est refusé à moi (la montagne décide, le grimpeur subit), je suis ravie de cette expérience qui m’a beaucoup appris !
Une chose importante, je n’ai pas eu mal du tout aux articulations des chevilles grâce à mes suppléments omega-3 krill de Oemine (mon sponsor certes mais surtout mon sauveur ! Avec le code BOOT, vous avez 50% de réduction sur ces produits qui m’ont sauvée !).
Nous avons déjà décidé de nos dates de retours pour 2020 en juin donc…Cyrille et Kevin vous pouvez vous joindre à nous !
Sinon, prochain projet des 7 sommets avec une variante : janvier 2021, Pôle Sud à ski puis ascension du Mt. Vinson en Antarctique. Si vous êtes intéressé pour soutenir ce projet hors-norme, n’hésitez pas à me contacter (votrecoach @ lebootcamp.com) pour que je vous envoie mon dossier sponsoring ! Je saurai porter vos couleurs bien haut !
Allez zou, on profite de l’été et on se remet à l’entraînement…très bientôt, je vous annoncerai qui a accepté de m’entraîner pour l’Antarctique…..je suis encore toute émue qu’il ait accepté d’entraîner la petite Valou !
Forzaaaa et souvenez-vous :
Nous sommes toujours plus forts que nous le pensons !
Valérie Orsoni
Votre Coach Minceur & Bien-Être LeBootCamp