Cela fait maintenant un mois que je suis revenue… et il m’aura bien fallu ce temps pour digérer l’aventure dans le froid et la tempête. J’ai, en effet, eu besoin de quelques jours pour me remettre de mes émotions, mais aussi pour réorganiser les souvenirs de tout ce que j’ai vécu de mon aventure en montagne.
L’idée était de faire l’ascension du Mount Whitney, 4428 mètres, que j’avais déjà fait par la voie alpine (cf mon article précédent sur le sujet) mais cette fois-ci, en hiver, dans le grand froid.
Je m’étais entraînée pendant des mois à porter un sac de 20 kg (en hiver, l’équipement pèse plus lourd), à marcher avec des chaussures à crampons très lourdes, à monter des pentes qui n’en finissent plus. J’étais donc fin prête.
Deux jours avant le départ, une alerte météo sur la Sierra Nevada est diffusée. Les prévisions font état de tempêtes, vents très forts, chutes de neige très fortes et risques d’avalanche. Sachant qu’en montagne, les prévisions peuvent changer du tout au tout en 24 heures, je décidais de maintenir mon expédition. Pourtant, 7 jours auparavant, alors que les premières prévisions de grand froid faisaient leur apparition sur les sites dédiés aux alpinistes, j’apprenais que mon porteur (une femme) abandonnait. Je m’accrochais et en trouvais un autre.
C’est le grand départ !
Me voilà fin prête, à l’aéroport de San Francisco, avec 3 sacs. Un gros sac North Face pour transporter les affaires volumineuses, un sac à dos de randonnée et un petit sac North Face pour transporter les blousons en plus car je n’arrive toujours pas à me décider sur l’équipement à emmener tellement les prévisions font des bonds dans tous les sens. D’ailleurs, vous pouvez retrouver ci-dessous le Facebook Live dédié au matériel de mon expédition (Get Ready With Me!) et les choix cruciaux qui vont avec 🙂
Direction Mammoth Lakes, à 2000 m d’altitude en petit avion de ligne. Le vol est superbe et l’atterrissage au milieu de la neige : féerique !
Mon guide, Viren, me retrouve à l’aéroport et direction l’hôtel pour faire le point sur le départ du lendemain et l’inventaire des affaires que je prends et celles que je laisse définitivement.
Pendant la nuit, la neige se met à tomber, le vent souffle mais comme je m’y attendais me voilà fin prête pour partir le matin. Sauf que nous recevons des informations très proches du terrain que nous devons analyser et les nouvelles sont mauvaises : avalanches naturelles dans les endroits où nous devions passer et surtout, pour la fin de l’ascension, 2 mètres de neige fraîche attendus au sommet (à cause du vent), et risque très élevé d’avalanche dans un couloir dont on ne peut pas s’échapper. La mort dans l’âme mais en même temps la sécurité à l’esprit, il est décidé de changer de plan et de ne pas prendre la route initialement prévue mais de partir à 30 km au nord pour voir si une autre voie peut s’ouvrir à nous.
C’est parti donc !
Équipée de chaussures spéciales (qui supportent les crampons et le grand froid), nous nous lançons à l’assaut de la montagne. C’est beau et à couper le souffle ! La neige recouvre tout : les arbres, les rochers (donc bien sûr, parfois on s’enfonce jusqu’à mi-cuisse), il fait froid, mais que c’est féérique !
Nous trouvons un endroit où planter la tente, normalement en dehors de tout risque d’avalanche (mais en montagne, le risque zéro n’existant jamais…). Une fois installés, c’est popote rapide et beaucoup de liquide chaud pour nous réchauffer car la nuit s’annonce très froide et surtout très ventée. Pour bien dormir, je suis emmitouflée (cf mon article sur mon équipement). Pas moyen de lire dans la tente car il fait tellement froid que je dois garder mes mains dans le sac de couchage avec ma gourde sinon l’eau gèle. Il fait en effet -27 C. La tempête se lève. Le vent fait un bruit inquiétant dans les branches des arbres qui nous entourent. Les rafales donnent des coups de buttoir dans ma petite tente. Impossible de sortir, même pour satisfaire les besoins naturels qui font suite aux deux litres de liquide chaud ingéré ! Trop de vent. En gros, on peut dire que la tente est retenue par mon popotin. Dieu merci, je ne suis pas trop légère. Il est donc bien pratique d’avoir des formes !
Ce fut la nuit la plus longue de ma vie. Je n’ai pas fermé l’œil une minute ! Au petit matin, la tempête est passée. En nous connectant aux services météo et avalanche nous découvrons que nous devons tout bonnement abandonner l’ascension car les dangers sont énormes (une personne trouvera la mort à cause de ces conditions météo, et plus de 10 avalanches auront lieu).
La montagne, ça se respecte. Si elle ne veut pas de nous, on se fait tout petit et nous reviendrons un autre jour.
La décision est prise de redescendre. Mais avant, une paroi de glace comme je n’en ai jamais vue nous fait face. C’est décidé, nous ferons un détour par la paroi pour redescendre de l’autre côté. Première expérience glaciaire pour moi. Indescriptible. Très différent de la grimpe à main nue, très différent de la roche. Vraiment à part. Très physique aussi ! Vraiment. Heureusement que mon entraînement m’a préparée pour ce genre d’efforts ! Cette paroi recevant un peu de rayonnement solaire, la glace fond doucement pendant que nous la gravissons. Nous entendons l’eau couler sous la fine couche dans laquelle nous nous cramponnons. Séquence “légère peur” ! Des morceaux se détachent sous nos pieds. Viren annonce que nous sommes les derniers de la saison ici, après nous, tout aura fondu.
À l’issue de cette grimpe, que mon guide de haute montagne qualifie de plus technique que l’Everest, je suis fière d’avoir réussi, épuisée, et surtout couverte de bleus sur les genoux avec une balafre sur le mollet droit. C’est ce qui se passe quand on laisse tomber son piolet n’importe comment !
Le soir il est décidé que les deux prochains jours seront consacrés à l’exploration en tempête, sans visibilité, à l’apprentissage du sauvetage en situation d’avalanche et autre techniques importantes pour mes futures aventures.
J’en ai bavé ! Mais, j’aime cela ! Je préfère galérer 5 heures dans une tempête avec un blouson trempé, par -20°C, que de me prélasser à Bora Bora, c’est dire ! (si vous pensez que je suis folle, sachez que vous n’êtes pas les seuls !).
Et pour finir en beauté, nous nous rendons dans des gorges superbes, protégées du vent où nous faisons des murs assez hauts, bon ok, en fait très hauts, les plus hauts que je n’ai jamais faits. Je précise que je suis sujette au vertige et que je me suis mise à la grimpe à main nue pour le combattre. J’ai donc parfois des crises de vertiges que j’apprends à maitriser et à faire taire grâce à une méditation très rapide accrochée à ma corde.
Comme je n’ai pas fait mon ascension hivernale telle que prévue, j’ai décidé de la refaire l’année prochaine ET d’aller faire cet été la face Est du Mount Whitney. Une paroi verticale qui nécessitera 5 heures de grimpe à main nue. Il me faut donc déjà modifier mon entraînement et travailler sur l’endurance et la gestion de la panique liée au vertige (quand on a grimpé déjà 2 heures, on ne fait pas de caprice du genre “je veux redescendre !”.)
Trois jours après le retour de mon aventure en montagne, je retrouvais mon attaché de presse français, Melik, et l’équipe de tournage d’une émission française avec qui nous avons tourné toute une semaine… transition intense s’il en est !
ps : vous pouvez voir les vidéos de l’ascension glaciaire ainsi que de l’entraînement dans la neige sur mon compte instagram @valerieorsoni
À bientôt pour d’autres aventures !
Valérie Orsoni
Votre Coach Minceur & Bien-être