“Sans gluten” : les bottes d’or du web et de la presse
Cela fait maintenant plusieurs mois que je ronge mon frein devant les idioties pour employer un mot poli, que je lis dans une certaine presse à sensation, et surtout, il faut bien le reconnaître, sur le web.
Les bêtises de pseudo médecins ou experts en nutrition sur lesquelles vous pouvez tomber me font vraiment penser aux propos tenus lors de la sortie des fours à micro-ondes qui pouvaient rendre aveugle si on les regardait trop longtemps ou créer des tumeurs au cerveau si on restait trop près pendant la cuisson !
Voila quelques-unes des affirmations lues glanées de-ci de-là :
- Pourquoi arrêter le gluten est dangereux
- Le gluten fait grossir
- Si on arrête le gluten, on maigrit
- Il ne faut pas arrêter le gluten sans avoir fait des tests au préalable
- Le sans gluten, une mode venue d’Amérique
- Un test sanguin peut prouver si vous êtes allergiques ou pas au gluten
- Allergie, intolérance, sensibilité au gluten veulent dire la même chose
- Si vous arrêtez le gluten vous aurez des carences
- Si vous arrêtez le gluten pour faire un test de 3 mois “sans” vous allez développer une intolérance
Je préfère m’arrêter ici car la liste des affirmations ne reposant sur aucunes preuves scientifiques, est bien longue !
On me demande souvent ce que j’en pense, mon avis sur la chose ou ce que je crois être vrai ou pas. Sachez qu’en tant que coach et experte en nutrition, je ne pense pas. Je ne crois pas et je n’ai pas d’avis personnel. Je base tout ce que je vous dis sur des études médicales sérieuses, souvent publiées par la Harvard School of Nutrition. Je ne base jamais mes propos sur des on-dits ou sur le “dernier qui a parlé a raison”.
Voyons donc ensemble ce qu’il en retourne :
Le gluten, c’est quoi
Le gluten est une protéine que l’on retrouve dans de nombreuses céréales : le blé, l’orge, le seigle, l’avoine, l’épeautre, le kamut. Son rôle est de donner de l’élasticité à nos préparations. Dans le pain, une pâte élastique va pouvoir piéger, lors de la cuisson, les fines bulles d’air libérées par la levure et former une mie aérienne et légère. C’est pourquoi, il est plus difficile de faire du pain, des gâteaux moelleux… sans gluten.
Évolution du blé depuis les Égyptiens
L’histoire du blé commence en fait il y a 500.000 ans, avec la cueillette de graminées sauvages. On découvre alors les premières galettes de pain faites à partir d’un mélange de graminées et d’herbes. Puis, il y a 10 000 ans environ, avec la domestication, l’homme cultive les premières céréales, issues de croisements spontanés. On confectionne au fil des siècles des galettes plus élaborées, en coupant les farines avec de la farine de fève. Ce n’est en fait que récemment que l’on a des pains si riches en gluten.
Dès l’Égypte antique, avec le développement de l’agriculture, on voit apparaître une consommation plus intensive de blé. Et figurez-vous que les égyptiens n’étaient pas forcément en si bonne santé que cela… En effet, les dernières avancées en paléomédecine, l’analyse de nombreux papyrus ou encore l’examen de momies, montrent qu’ils pouvaient avoir de nombreuses caries, qu’ils avaient souffert d’arthérosclérose, de maladies cardiovasculaires, voire même d’obésité ! Et oui ! Pas tout à fait la représentation que l’on a pu en avoir dans nos livres d’Histoire, n’est-ce pas ?
Les effets néfastes du gluten sur notre santé ne datent peut-être donc peut-être pas d’hier…
Mais l’évolution du blé a surtout été accélérée et altérée dans les années 1950 et 1960, avec les avancées de l’industrie agroalimentaire et le développement de nouvelles variétés, modifiées génétiquement ou hybridées. On observe ainsi que la part de gluten a été multipliée par trois depuis 50 ans !
Ce blé d’où est tiré la farine qui sert à la confection de tant de nos aliments modernes et qui représente aujourd’hui 99% de la production mondiale a été hybridé, croisé et a muté tellement de fois que ce sont des centaines de gènes inédits qui ont été introduits. Les structures des protéines ont subi d’énormes modifications… et cela a potentiellement aussi modifié la réaction de notre organisme au gluten.
Pourquoi la sensibilité au gluten augmente
Moins grave que la maladie cœliaque, la sensibilité au gluten inquiète tout autant avec un nombre de nouveaux cas en constante augmentation (je suis moi-même sensible au gluten.) Bien que les symptômes soient similaires, leur gravité reste moins sévère mais parfois difficile à vivre devant l’importance de la présence du gluten au quotidien.
Et oui, il faut savoir que le gluten est partout, non seulement dans nos assiettes, mais dans de nombreux produits de consommation courante ! L’industrie alimentaire raffole de ses pouvoirs “liants”, et il est extrêmement économique.
Les populations qui ne consomment jamais de gluten
C‘est en Asie que l’on consomme le moins de gluten ! Remplacé principalement par le riz, les populations asiatiques consomment très peu de blé. Les intolérances ou allergies au gluten y sont donc rares, voire exceptionnelles.
Une alimentation sans gluten ou à gluten limité est donc possible, sans forcément être néfaste pour notre santé comme veut nous le faire penser une certaine presse à sensation.
Peut-on vivre sans gluten
Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe des cultures entières qui ne consomment pas ou que très peu de gluten.
Il s’agit des populations dont la graine de référence n’est pas le blé : les japonais (grain de base = riz), les africains (grain de base = teff, sorgho ou autre), les sud-américains (grain de base = quinoa, maïs). Leur consommation de gluten n’est que très récente et reste limitée. Ils sont la preuve par plusieurs milliards, que l’on peut croître et être en bonne santé sans nécessairement consommer du blé ou autres graines contenant du gluten.
Les céréales qui contiennent du gluten ne contiennent aucun élément que l’on ne trouverait pas ailleurs dans notre alimentation. Elles peuvent donc tout à fait être écartées d’un régime alimentaire ou conservées si on les tolère.
Si on les remplace par des apports en fibres et en vitamines du groupe B, les carences ne seront pas un problème. Bien sûr, si on remplace son pain complet par une barre chocolatée le problème de la carence se pose comme elle se poserait pour tout autre remplacement de ce type.
Donc oui on peut très bien vivre sans gluten ! La seule chose qu’il faille surveiller c’est ses apports en vitamine B, que vous trouverez dans d’autres aliments comme les viandes, les légumes et les légumes secs, les fruits, la levure de bière ou encore les fruits de mer.
Comment remplacer le blé ? Et bien par du riz, du quinoa ou encore du sarrasin ! Essayez le kamut (l’ancêtre du blé qui est relativement bien toléré dans le cas d’une sensibilité au gluten) ou bien sa graine germée qui décuple les apports en vitamines et qui est plus digeste. Et on peut tout à fait se faire plaisir avec des grains autres que le blé !
Les protéines végétales (les légumineuses comme les lentilles, les pois chiches) et les algues peuvent également remplacer les céréales.
Manger sans gluten demande donc de faire quelques aménagements dans ses menus, d’augmenter sa consommation de légumes et de fruits, de manger plus de légumineuses, d’essayer des recettes à base d’algues et finalement , de consommer plus d’aliments qui participent activement à maintenir un bon état de santé.
Arrêter le gluten pour faire un test, est-ce dangereux ?
Je suis toujours surprise (et parfois même furieuse !) lorsque je lis qu’arrêter le gluten quelques semaines pour voir si on observe une amélioration au niveau digestif ou même sur son tonus en général, peut être dangereux pour la santé ! Non arrêter le gluten pendant 1 mois NE RENDRA PERSONNE intolérant. Et nous l’avons vu plus haut cela ne provoque pas de carences si l’on adopte une alimentation suffisamment équilibrée.
La meilleure preuve? Nos ancêtres justement. Eux, qui se nourrissaient en fonction des saisons. Les fraises n’étaient disponibles que 2 ou 3 mois par an. Ils n’en consommaient donc pas pendant 9 mois. Devenaient-ils allergiques ou intolérants à ce produit disponible seulement quelques mois ? Idem pour d’autres légumes ou fruits.
Il n’existe pas de test à ce jour pour détecter une sensibilité autre que d’éliminer le gluten et voir comment on se sent sans…. Le seul test médical disponible détecte la maladie de coeliaque qui est une maladie auto-immune entrainant une intolérance permanente au gluten.
Moi, sans blé, c’est ventre plat, énergie au top, pas de sensation de fatigue à tout bout de champs…je revis !
Je vous laisse donc faire un test de votre côté.
Dans tous les cas, la conclusion de tout cela est que comme les produits laitiers ne sont pas indispensables pour la santé de nos os, le blé n’est absolument pas indispensable. Point barre.
Profitez de cet article pour découvrir des farines différentes : teff, quinoa, pomme de terre, riz, sarrasin, et autre ! Titillez-vous les papilles !
Valérie Orsoni Coach Minceur et Bien-être LeBootCamp ps: un site excellent pour leurs articles de fond basés sur des fondations solides et LaNutrition.fr (souvent tiré des études de la célèbre Harvard Nutrition School)
17 commentaires
Oui ce sont les industriels de l’agroalimentaire qui ont augmenté la teneur en gluten des blés, passant de 4 à plus de 12% en quelques cinquante ans et pour ce faire ils ont trafiqué les plantes. Fini les champs de blé d’or ondoyant sous la caresse du vent…les champs de blé sont gris et bien sûr pas un seul coquelicot et pas un seul bleuet. On a raccourci les tiges de près 40 cm….ce sont des blés nains qui servent à faire un pain mauvais pour la santé….et bien sûr c’est la Sécurité Sociale qui payera la note. Cette affaire deviendra avec le temps une affaire de santé publique.
Je recommande un livre décapant sur le sujet Gluten comment le blé moderne nous intoxique de JULIEN VENESSON aux Editions Souccar
Ici, on a des coquelicots et des bleuets dans les champs de blé qui m’arrive presque à la taille….Sinon, consommant du blé bio et des variétés anciennes quand je le peux, je dois échapper à la surconsommation…par contre, quand j’ai arrêté 3 mois ‘pour voir’ sur avis médical…la reprise fut assez…compliquée…et il m’a fallu plus d’un an pour en remanger sans y penser….donc…je ne suis pas tout à fait d’accord…et puis j’aime trop le goût du pain de blé…maison…
Hysope, arrêter de manger un aliment pendant 3 mois ne peut pas entrainer de difficultés reelles sur la reprise si on ne souffre pas de sensibilité. La preuve est ce que je cite sur nos ancêtres qui n’avaient pas les memes aliments toute l’année. Les pauvres, si a chaque retour de printemps ils avaient mal au ventre des qu’ils se remettaient a manger des fraises ou des abricots, pas cool 🙂
il ne faut pas confondre le blé avec le seigle, qui est plus petit sur tige que le blé.
J’approuve et partage cet article!!! Merci Valerie!!!
merci!!!
Je suis tout d’accord avec vous !!!! Merci Valérie
merci de partager 🙂
Et quel sont les “symptômes” d’une sensibilité au gluten?
ca dépend mais je trouve que se qui résume le mieux enfin pour moi qui suis intolérante c’est les symptômes d’une gastro nausée voir vomissement douleurs abdominale et collique fatigue et même parfois mot de tête violent
Melie, cela peut être mal au ventre, fatigue permanente, problème de sommeil, gain de poids ou difficulté a en perdre, migraine, brulure d’estomac, etc…
bonjour à toutes et tous …
intolérante au gluten, je suis entièrement d’ accord avec vous, Valérie : adopter une hygiène de vie “pauvre en gluten” (et non sans qui est parfois compliqué au quotidien et/ou socialement) et sans lactose en préférant les fromages à pâte cuite de chèvre ou de brebis 3 à 4 fois par semaine maxi, c’est tout bon pour la santé, le bien-être et l’ énergie ! alors, pourquoi s’ en priver ? tester, vous serez épaté/e …
merci pour votre retour…..je suis toujours étonnée du disconnect qu’il peut y avoir entre le monde et certains médecins qui refusent de parler de la chose 🙂
bonjour
je suis au sans gluten depuis un an . j avais des problème intestinaux depuis des années et mon médecin ostéopathe m a conseiller d essayer et voir si cela s améliorais mais la ou j ai étais surprise c est de ne plus faire de migraine , donc plus de médicament , plus de brûlure d estomac .
et oui, sans gluten on peut vire et même plutôt bien hein 🙂 merci de votre partage 😉
Merci pour cet article ! J’ai moi même supprimer le gluten de mon alimentation après 3 ans de douleur maux d’estomac ballonnement fatigue acouphène, je ne me reconnaissais plus j’étais molle épuisée déprimée. J’ai eu énormément de mal à faire accepter ca par mon entourage (j’ai fait la même chose avec le lactose) et depuis je revis ! Des que j’en reconsomme un peu pour un écart ou autre je redeviens fatigue et je suis convaincu que c’était la solution que j’attendais. Les médecins me disent “mais vous ne mangez plus rien ? Attention aux carences ? Vous avez perdu beaucoup de poids ?” Cela me fait doucement rire car non je ne mange pas rien car je suis également une éternelle gourmande 🙂 alors merci merci de me conforter dans mon choix et j’espère que vous réussirez à développer tout ca vers des personnes qui ne le comprennent pas encore et qui peut être souffrent sans savoir pour quoi (ma mère et ma grand mère souffrent de maux mais ne veulent pas entendre un éventuel lien avec l’alimentation) donc merci pour cet article 🙂