Le fat shaming est l’acte d’humilier une personne qui est en surpoids ou obèse en se moquant d’elle ou en faisant des commentaires moqueurs sur sa corpulence.
La grossophobie est une tentative de traduction de fat shaming en français mais un peu maladroite puisque “phobie” veut dire peur et que la peur du gros n’est pas la même chose que le fait de ridiculiser une personne en surpoids. Néanmoins, nous retiendrons cette appellation comme traduction de “fat shaming”.
Par là-même, un grossophobe est un individu qui manifeste de l’hostilité à l’égard de personnes corpulentes.
On peut aussi être coupable de s’auto fat-shamer en s’autocritiquant constamment : je suis grosse, j’ai un gros derrière, mon ventre déborde, etc…
Le fat shaming, c’est comme un Velcro, ça nous colle à la peau et à l’esprit.
Très vite, on peut soi-même se créer une nouvelle identité de souffrance via de l’auto fat-shaming.
Il y a ensuite les autres.
N’avez-vous jamais entendu dans la rue une personne se moquer d’une personne en surpoids qui mange une glace ?
Moi, oui ! “Regarde cette grosse, elle ne peut pas se retenir non ?”.
Ça fait mal, très mal à la personne qui entend ses propos, et aussi, j’en suis persuadée, ça fait mal à l’âme du grossophobe. Balancer des propos moqueurs blessants ne peut pas être sans séquelles pour lui (Cf le conte sufi : Les oiseaux blancs et les oiseaux noirs).
Alors que faire ? J’ai tendance à dire qu’il n’existe pas une solution mais plusieurs :
- Réaliser
- Réaliser que pour certaines personnes l’obésité est liée à un problème de santé. Imaginez une personne qui se bat déjà contre une pathologie et qui doit en plus supporter les moqueries de la société !
- Accepter que toutes les cultures n’ont pas la même image du corps parfait (j’en parle dans mon prochain livre). Pour certaines cultures, de très belles rondeurs voire des bourrelets sont sexy et recherchés, pour d’autres, non.
- Etre en obésité morbide est très rarement un choix mais plutôt une accumulation de choses : problèmes psy, TCA, style de vie “malade”, culture, yoyo régimes, etc….. et la solution n’est jamais unique mais doit être adaptée à chaque personne
- Comprendre que surpoids ne veut pas dire fainéantise. On peut marcher tous les jours et nager ou autre et être en surpoids
- Ne pas juger
- Dans tous les cas, ne jamais juger.
- Le jugement fait du mal. Surtout si la personne en surpoids ne s’aime déjà pas.
- Etre gros ne veut pas dire être pauvre ou mal éduqué. Quand j’étais grosse, il était encore bien ancré dans les esprits des gens que seuls les pauvres ne “savent pas se nourrir”.
- Calmer le jeu et ne pas interpréter
- Apprendre à ne pas sur-réagir si l’on entend un commentaire qui ne nous plait pas. Réagir à chaud nous fait du mal.
- Apprendre à ne pas interpréter tout ce que nous voyons et en lui donnant le sens que l’on a envie de lui donner. Par exemple, il y a quelques jours, j’ai posté une photo sur instagram (@valerieorsoni) avec un texte pur coaching qui ne parle ni de poids ni de rien ayant trait au surpoids. Néanmoins, j’ai vu des commentaires qui m’accusaient de grossophobie. Regardez le texte : à quel moment parle-t-on de poids ? Jamais ! J’ai pensé à ce texte en pensant à moi au départ : je suis née avec des sacrés problèmes de santé : os en trop, rhumatismes déformants juvéniles, cancer, tumeurs au cerveau, sourde à 50%, 6 pages d’intolérances alimentaires, et j’en passe. Donc comme j’ai toujours mal quelque part, je peux facilement me laisser aller. Ecrire des messages de motivation pour les autres me motive aussi. C’est aussi simple que cela. Et si vous regardez mes posts depuis 4 ans, vous verrez, j’en poste souvent des comme ça. Donc, on apprend à ne pas tout ramener au fat shaming, cela nous créera moins de stress.
- Si une amie au restaurant vous dit “tu devrais essayer la salade, elle est super bonne”, elle ne veut pas forcément dire “comme tu es grosse, contente-toi de la salade” mais peut-être tout simplement que la salade est super bonne.
- Prendre des décisions et s’y tenir
- Si vous avez envie de rester en surpoids parce que cela vous convient et ne vous rend pas malheureuse, que vous n’avez pas de problèmes de santé liés à ce surpoids, alors, c’est parfait.
- Si vous avez envie de changer quelque chose, renseignez-vous : programmes de nutrition (attention aux recommandations officielles type PNNS, qui sont une émanation des lobbies de l’agro-alimentaire), programme fitness adapté au surpoids, programme psy si nécessaire, apprendre à mieux gérer son stress et son sommeil, apprendre à gérer des addictions au sucre et au gras.
- Attention aux médicaments minceur miracles et souvent potentiellement dangereux que certains charlatans et médecins sans scrupules prescrivent.
- Attention à la chirurgie bariatrique tant sur le plan des effets secondaires comme toute chirurgie lourde mais aussi sur les effets long-terme. Renseignez-vous bien et allez voir plusieurs chirurgiens pour avoir plusieurs avis. Cette approche n’est pas une panacée et surtout n’est pas miraculeuse. Interviewez des personnes étant passées par cette case : des réussites et des échecs, pour bien tout comprendre et être au courant des complications possibles.
- Bien s’entourer. Si certaines de vos relations ont tendance à se moquer de vous même gentiment et que cela vous fait du mal, parlez-en leur ou rayez-les de votre carnet d’adresses. Si vous avez envie de perdre du poids et que toutes vos amies sont obèses et ne souhaitent pas mincir et se moquent de votre envie de mincir, voyez-les moins souvent.
- Être respectueux
- Si votre enfant est en surpoids, je pense notamment aux petites filles que les mamans veulent faire ressembler à des Barbies, ne lui dites pas “ne mange pas de glace, tu vas être grosse“. Mais plutôt, apprenez-lui le goût des choses saines et faites-la bouger : les enfants adorent courir, nager, sauter, bref, se bouger ! Cuisinez avec elle, pour que nourriture = fait avec amour et pas “un truc sucré qu’on dévore sans réaliser”. Ne lui donnez pas de la nourriture pour vous en “débarrasser” ou pour la récompenser
- Réaliser que balancer un “faut que tu perdes du poids, tu es gros“, n’a jamais été le moteur d’une décision de perdre du poids. Les gens en surpoids, en grande majorité, savent qu’ils sont en surpoids, pas la peine de leur répéter la chose régulièrement.
- Dans tous les cas, si l’idée vous prend de penser et de tenir des propos ridiculisants envers une personne en surpoids, posez-vous la question : “pourquoi diable n’aurait-elle pas le droit de manger une glace ?”, elle ne va pas tout de même pas vivre de laitue et d’eau fraîche ! Et sachez, un point très important, que le sucre est aussi addictif que certaines drogues dures (cela vous surprend ? pourtant de très nombreuses études validées par les plus grandes instances l;ont prouvé au-delà de tout doute).
- Aider
- Vous pouvez renverser la tendance en faisant passer le message que la moquerie et l’humiliation ne sont jamais acceptables, quel que soit le sujet : poids, taille, couleur de la peau, métier, orientation sexuelle.
- Si vous voyez des trolls (des harceleurs du web qui se cachent derrière leur écran pour balancer des insanités), bloquez-les et reportez-les si possible
- Eduquer vos enfants dans l’amour de l’autre.
- Donnez de l’amour.
Pour travailler sur soi :
- Arrêter de s’auto-critiquer. Il y a une sacré différence entre se dire “j’en ai assez d’être en surpoids, maintenant je fais quelque chose pour cela” et “je suis moche, je suis grosse, ça ne va pas”. Qu’elle que soit la décision que l’on prend : je reste comme cela car je me sens bien, ou bien, je fais quelque chose car je veux changer la donne, on arrête de se faire du mal.
- Identifier nos habitudes de fat-shaming et les remplacer par des habitudes plus respectueuses (et plus justes) de notre corps.
- Se regarder dans le miroir et se focaliser sur ce qui est beau chez nous. On a trop tendance à ne regarder que ce qui ne va pas.
- Quand vous vous regardez dans le miroir, ne pensez pas “je vais regarder mon gros ventre” mais reformatez-vous “je vais vérifier comment mon ventre est aujourd’hui”.
- Ne vous comparez pas aux autres, encore moins quand vous allez acheter un jean ou autre vêtement. Ne pensez pas “j’aimerais bien porter des skinny jeans comme cette fille”. Mais plutôt, comme je veux porter des jeans comme ça, je vais me prendre en main.
- Faites une liste de fat talk (= propos moqueurs et grossophobes) que vous êtes coupable de pensez pour vous. Et demandez-vous “est-ce que je pourrais dire ça à ma fille/mère/amie”. Non ? Alors ne le pensez plus pour vous même !
- Apprenez à être “neutre”. On passe rarement de “je me déteste, mon corps est moche” à “je suis le canon du siècle, j’adore mon corps”. Il est normal d’avoir des moments de doutes, où l’on ne s’aime pas vraiment. Plutôt que de penser “je suis moche dans cette robe”, on se reformate pour penser : “aujourd’hui, je ne suis pas au top mais bon ça ira mieux demain”
- Se faire une liste de pensées positives sur vous-même, pas forcément reliées à votre corps : “je suis une excellente communicante”, “je sais motiver”, “je sais très bien cuisiner”, “je suis une bonne mère”, “j’ai de beaux seins”, etc…. A chaque fois qu’une personne (ou vous-même) vous balance un propos agressif ou moqueur par rapport à votre poids, dans votre tête, remplacez-le par une de vos qualité de votre liste. Le fat shaming ne passera pas par vous !
- Pratiquer l’auto-compassion : faites-vous un compliment par jour.
- Accepter que le bonheur ne tient pas à un chiffre !
Et si vous souhaitez perdre du poids de manière saine, sans jugement et avec une communauté d’enfer qui vous soutiendra à chaque moment, avec zéro tolérance pour le fat shaming, venez nous rendre visite sur LeBootCamp. En tant qu’ancienne grosse, je sais bien que cela n’est pas simple, qu’il va falloir travailler sur plusieurs fronts : psy, motivation, nutrition gourmande, fitness adapté au surpoids, gestion du stress et du sommeil.
Pour ceux et celles que ça intéresse, voici à quoi je ressemblais en mode dodu (et non, je n’étais pas bien dans ma peau même si j’ai le sourire !) :
Je vous mets ci-après des photos de femmes en obésité ou surpoids qui ont perdu des kilos en trop pour des raisons de santé ou de bien-être tout simplement. Pour fêter leur nouveau corps, je les ai invitées en octobre 2016 à faire une séance de photo comme des stars : maquillage pro, super photographe, etc….nous avons appelées cela : le photoshoot de stars !
Vous pouvez voir la vidéo de notre superbe journée où nous avons célébré notre bien-être, c’est ici : Shooting de Stars
Vous pouvez lire leurs trajectoires ici : Marie-Hélène, Mariam, Amandine, Laetitia, Aurélie et ses 70kg de perdus, Viviane, Anaïs, Claire et ses addictions food, etc….
Un grand merci à 2 twitteuses avec qui j’ai échangé sur twitter et qui m’ont donné l’idée de cet article : @DookieAnne et @GrosCorpsSocial